Je n’étais rien sans lui, rien de construit...
C’est ce que je pensais, alors que mon dernier anniversaire comptait 16 petites bougies fines, colorés et scintillantes. Mon souffle, encore puissant, les éteignait d’une seule traite.
16 ans et pas de doutes en tête, je fonce dans la vie avec rage et détermination...Avide de liberté, d’aventures en tout genre et de plaisirs extrêmes ! Se sentir vivant dans ce monde ou tout est déjà bien étudié pour que ma vie soit construite, remplie, guidée, par les médias. L’école et mes parents encore et toujours absents !
Je file le rejoindre, lui, ce garçon plus âgé qui me fait vivre un enfer, mais qui égrène mon quotidien. Sans limites et sans regrets, ma naïveté est consciente, et fière de l’être !
Ce matin encore, une pensée en tête, trouver l’utile produit miracle qui fera de ma vie un bonheur, éphémère mais instantané. Lui et moi, c’est un quotidien interminable, de joie en crise larmes... de jalousies en liberté absurdes, mélanges en tout genre qui coule dans mon sang, mes veines, mes narines ... Le retour à la réalité ? Toujours cette peur presque panique, de retrouver ce monde réelle qui n’est pas celui ou je voudrais être...et pourtant !
Un mal de ventre qui me ronge ce matin, je ne saurais dire ce que cela pouvait être...Je suis seule dans ce squat, dévasté de la veille, une odeur infecte et quelques rat qui courts d’un bout à l’autre de la pièce...Il fait froid, je pense à tout ces gens qui sont bien au chaud et je me dit qu’il est temps d’arrêter ces conneries qui m’enfoncent un peu plus chaque jours ! Sa y est, il revient, après des heures interminables sans pouvoir me lever, il est là. Mon unique ami, celui en qui j’ai confiance...
Je souri, j’ai enfin de quoi le rendre heureux, un produit nouveau, celui dont tout les autres parlent !
Lui n’à pas dormi, il est en sueur les dents serrés... C’est le manque. Pourtant moi je rie, je suis prête à lui tendre ma main et lui offrir de quoi se soulager. Mon ventre me fait mal, je me lève avec peine et cette sensation de vertiges qui ne me quitte pas dès le réveil. Il arrive, vient vers moi. Avec souplesse il se met à m’a porté, c’est alors que je sens une douleur infinie, cette douleur simple et efficace d’une grande claque. Mes yeux se ferment et mes poches sont vides désormais...
Plus un bruit, plus un souffle, personne n’est là pour me dire ce qui s’est passé. Pourtant je comprends, je sens l’effrayante solitude d’avoir été trahi, encore...
Longeant les berges je regarde l’eau qui coule, de longues heures s’écoulent ainsi... De retour au squat, je pense à lui, je n’ai pas peur, j’avance dans ce long couloir, interminable, au bout de celui-ci une fenêtre claque. Mon ventre se tend, je n’ai rien mangé, depuis combien de temps ? Des types sont là et me regardent. Lui est assis au fond de la pièce. Du sang, de la peur et du dégout plane dans cette pièce humide. Je ne hurle pas et décide simplement de partir, loin très loin...Une certitude aujourd'hui, celle d'avoir gaché une partie de vie, rien de pire que se sentiment de râge envers soi. Le pur bonheur, celui d'affronter la vie, le pure bonheur celui d'être conscient de ses limites et ses faiblesses. Les affronter, libre de corps et d'esprit. Libre de substances dégueulasses qui enterrent mes amis aujourd'hui absent. Absent pour lui, cette enfant qui court et qui est le mien, le sien, le leur...Celui qu'ils auraient tous pu connaître si j'avais compris avant. Avant qu'il ne soit trop tard. Le destin d'un homme ne peut être qu'entre cs mains, le pire sentiment maintenant, celui des regrets.
Si seulement il était encore là aujourd’hui, lui qui m’avait entraîné dans ce triste chemin, je ne pourrais mentir à cette enfant, à peine né, qui à ce jour serait le sien...
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